jeudi 29 décembre 2011

Time to revive this blog!

   Il y a quelques jours, quelqu'un a posté un commentaire me demandant si mon blog était mort.  
   It is not !

   Mon petit espace personnel a juste subi un long hiatus dû à des circonstances accidentelles incluant notamment :

   - La flemme

   - …

   Voilà voilà. Circonstances, circonstances !

   Au passage, un grand merci à tous les gens qui m'ont encouragé à continuer ce blog. Ca demande parfois du travail au niveau de l'écriture et du formatage, mais ça m'amuse beaucoup. Parfois la flemme l'emporte, mais heureusement ma poignée de fidèles lecteurs est là pour me faire bosser !


La cathédrale de Cologne
   J'ai quelques trucs à vous raconter, notamment un voyage en Allemagne épuisant (avec une centaine de gamins et seulement sept accompagnateurs), et la générosité de mes profs à mon égard à la période de Noël.

   Cependant, aujourd'hui c'est le 29 décembre, et il se trouve que c'est un jour un peu particulier. Il y a 3 ans jour pour jour, c'était le moment de mon premier baiser (pour ceux qui me suivent sur Facebook : je vous avais dit que ce pavé serait croustillant).

   Alors, ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, je suis d'accord. Ceci dit, ce fut un jour assez spécial pour moi, et il devrait se révéler assez drôle pour vous autres, puisque je me suis rendu à mon rendez-vous sans une once de l'humour ravageur et du charme british de l'assurance qui me caractérise aujourd'hui.

   Je me souviens du rendez-vous à Saint-Michel et de mes cinq minutes de retard (allez peut-être dix). Nous nous étions rendus dans cette délicieuse petite pâtisserie à Odéon et pendant pas mal de temps, elle m'avait parlé de ses projets d'avenir dans un jargon d'universitaire que je ne comprenais encore qu'à peine. Pour la première fois de ma vie, j'avais mis une chemise parce qu'elle avait mentionné qu'elle aimait bien les mecs en chemise. Avec le recul, je trouve la chemise pas terrible et la matière désagréable au toucher, mais bref. C'était une chemise.

   Elle me parlait et moi je me tenais là, silencieux sur ma chaise, l'air faussement détendu, en réalité me creusant la tête pour trouver quelque chose d'intéressant / drôle / génial à dire. Et rien ne sortait, peut-être précisément parce que je me creusais trop la tête pour essayer de l'impressionner. More on that later.

   Il y a eu un moment de silence, et là elle m'a demandé : « qu'est-ce que tu attends de moi exactement ? ». J'ai esquissé un sourire nerveux, et j'ai sorti « la même chose que toi, j'imagine ».

   Puis on s'est pris la main au-dessus de la table et je me suis dit « today is the day ».

Nom de Zeus ! Il l'a fait !
    Et puis sous le coup de l'adrénaline, j'ai commencé à trembler de tout mon corps, tel une personne atteinte de la maladie de Parkinson (je réalise tout à fait le mauvais goût de dire une chose pareille en-dessous d'une photo de Michael J. Fox. Bless him). J'imagine que ça devait être le résultat d'une combinaison d'excitation et de peur. En fait, je me demandais si ce que j'étais en train de vivre était bien réel. En passant par les toilettes, je me suis contemplé dans le miroir et je me suis demandé comment j'avais bien pu attirer les faveurs d'une fille dans cet état. Peut-être qu'elle avait pris pitié de moi. Je me suis parlé un peu devant la glace, comme dans les films (« reprends-toi Alex »), avant de ressortir des W.C aussi tremblant que j'étais venu.

   Finalement on a fait le tour de Saint-Michel, main dans la main, puis je l'ai raccompagnée et on s'est embrassés.

  Si je vous parle de ça, c'est parce que j'ai géré ce rendez-vous de manière absolument catastrophique, un peu comme les autres que j'avais eus avant (et que je ne préfère même pas évoquer).
   
   La nervosité dans ce genre de situation a un effet pervers sur moi : elle me conduit à essayer d'être quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus drôle, de plus intéressant que je ne le suis en réalité.
   L'effet que ça a durant mes rendez-vous ? Soit je parle trop pour ne rien dire, soit je me tais en attendant de trouver quelque chose de particulièrement brillant à sortir. Le résultat dans les deux cas : je passe sûrement pour un gros lourdingue.

   Or il se trouve que j'ai récemment eu une épiphanie : toutes ces qualités que j'essaie désespérément d'émuler, je les possède déjà.


Appelez une ambulance ! Crimsy se laisse étouffer par sa modestie !

   Hé, pas si vite ! S'attribuer des qualités que l'on ne possède pas est une chose, savoir reconnaître celles que l'on a en est une autre. Pendant des années (la période bénie de mon adolescence notamment), je me suis laissé dire que je mourrais seul et que personne ne viendrait secourir mon âme esseulée. Avec une mentalité pareille, c'est sûr qu'on ne peut pas aller loin dans la vie. 

   L'expérience qui m'a finalement fait réaliser ces erreurs de jeunesse n'est autre que la raison d'être de ce blog : l'assistanat.
   Les personnes formidables avec qui je travaille m'ont fait réaliser que je valais quelque chose, et les compliments des élèves par derrière ont contribué à cela. Je ne dis pas que mes amis n'ont pas essayé, désespérément parfois, de me secouer et de me dire ces choses-là, mais c'est seulement maintenant que je peux voir des preuves tangibles de ce qu'ils avancent, que ce soit à travers la boîte de chocolats envoyés pour Noël par les parents du gamin dyslexique (achetés chez Betty's s'il vous plaît) ou dans le regard étonné des locaux anglais quand ils apprennent que je ne suis, en fait, pas du coin, ou dans le sourire de mes élèves au détour d'une blague bien placée.

Alors voilà, je suis drôle, altruiste, je parle un anglais particulièrement bon, et je sais rire de moi-même. Bon, je suis aussi un sac d'os, j'ai un grand nez bossu et une dent de travers. Mais ça, il va falloir faire avec.

Alors si vous vous sentez déprimé en cette fin d'année 2011, si vous trouvez que vous ne valez rien, pensez-y à deux fois avant de commencer l'année 2012. Après tout, c'est censé être l'année de la fin du monde, alors autant l'aborder de la manière la plus positive possible.

Merry Christmas and Happy New Year to all of you!
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CORNY ARTICLE : OVER

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Tune of the day, to feel the power :


lundi 21 novembre 2011

The proud assistant, part 2 : the prouder assistant

Dans une année de 365 jours (ou 366), il y a les jours normaux, et puis il y a les jours où on se sent fier de soi. Mais vraiment fier. Je parle de la fierté que l'on ressent quand on fait une bonne action qui a des répercussions telles qu'elle peut changer la vie de quelqu'un.

C'est la fierté que j'ai ressentie ce soir en décrochant le téléphone.

Au bout du fil, ma mentor :

"J'ai reçu un coup de fil de la responsable des "special needs" (étudiants handicapés) et apparemment les tests passés par R. montrent de grandes difficultés dans plusieurs domaines qui englobent la lecture et l'écriture. Elle est très impressionnée que tu aies repéré sa dyslexie aussi vite alors que son handicap remonte à très longtemps. Grâce à toi, R. pourra avoir du temps supplémentaire dans tous ses examens et un soutien adapté à sa condition. Donc voilà, je t'appelais pour te remercier."

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...

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You're welcome!!

Ceci dit encore une fois, je me demande ce que les parents ont fichu dans cette histoire, d'autant que j'ai appris dans ce coup de fil qu'ils étaient tous les deux médecins...ce qui rend leur excuse de "mais l'école n'a rien dit, on ne savait pas" encore plus moisie. Renseignez-vous, c'est votre travail for fuck's sake !

Sur cela, je m'en vais célébrer ma BA du jour sur cette chanson :


samedi 19 novembre 2011

Message in a bottle

Si je ne me retiens pas de faire l'apologie des jeux vidéo de manière rapide et simpliste, un soir à 23h, et tout cela en ignorant tous les contre-exemples à ma théorie du joueur auteur de sa propre histoire (I'm looking at you, Call of Duty), il faut avouer que se laisser porter par un bon scénario et des dialogues intelligents ne fait pas de mal de temps en temps.

Et force est de constater que pour trouver des histoires de grande qualité, il faut jouer à Metal Gear Solid s'écarter un peu du monde des jeux vidéo et aller regarder du côté des séries télévisées.

Depuis que j'ai commencé à regarder des séries "feuilletons" du genre de Dexter, j'ai toujours considéré les écrivains de télé comme des magiciens. Comment réussir à diviser une saison en douze épisodes avec un arc principal, un thème pour chaque épisode, des sous-intrigues, des dialogues crédibles, des rebondissements, et une fin satisfaisante ?

Cette question prend encore plus d'ampleur quand on observe des shows de la qualité de Breaking Bad. Après une première saison écourtée par la grève des scénaristes et terminée à la va-vite, la série est revenue avec une saison 2 dans laquelle tout le scénario était prévu à l'avance, du début à la fin, causant ainsi un casse-tête au niveau de la production et des dépenses au-delà du seuil prévu au départ.

Ce qui m'amène finalement au sujet du jour : les séries, quelles que soient leur nationalité ou leur qualité, doivent souvent faire face à des problèmes de budget divers et variés, et la plupart d'entre elles utilisent le même moyen pour y remédier : le "bottle show".

That's what I'd call...money laundering.


 Vous vous souvenez de cet épisode un peu ennuyeux de votre série préférée pendant lequel les personnages principaux sont bloqués / piégés / prisonniers pendant 45 minutes dans une seule pièce et ne voient la lumière du jour qu'à la toute fin de l'épisode ? Ceci est un "épisode bouteille", un épisode tourné dans un seul et même endroit avec un minimum d'acteurs pour diminuer les coûts de production et ainsi pouvoir mieux redistribuer le budget pour les épisodes qui en ont le plus besoin.

Le problème ? Les écrivains détestent les bottle shows, et à juste raison : au moment de cet épisode spécifique, les personnages en présence sont enfermés dans une bulle, comme happés en-dehors de l'univers de la série, sans arc principal, ni intrigues secondaires. La série ne peut pas avancer dans ce genre d'épisode, car les personnages ne peuvent pas agir : ils peuvent juste deviser tranquillement sur le sens de la vie ou sur leurs actes passés en attendant bêtement le deus ex machina qui viendra les sortir de ce mauvais pas, trois minutes avant la fin de l'épisode.

Breaking Bad s'est essayé à ce genre d'exercice, dans l'épisode "Fly", qui a, il faut bien le dire, un pitch de base tout à fait ridicule, qui ne tient debout que grâce à l'obstination stupide et inhabituelle (donc, pas crédible) de Walt, le personnage principal. Le pitch, le voici (si vous avez peur des spoilers, relisez ma définition du bottle show).


Une mouche investit le laboratoire de Walt. Selon lui, c'est une "contamination" dont il faut se débarrasser absolument avant de continuer à préparer la drogue.
Même le personnage qui rejoint Walt au tiers de l'épisode a du mal à croire à cette obsession soudaine; d'autant plus qu'ils doivent se mettre à "cuisiner" immédiatement sous peine de très gros problèmes, que je ne spoilerai pas ici. Mais non, rien ne peut être fait tant que la mouche n'est pas partie.

Alors oui, c'est totalement idiot, et pourtant la seconde moitié de l'épisode est un véritable tour de force. On assiste à de longs monologues portés par des plans-séquences très théâtraux, et à une introspection mutuelle des personnages plutôt bien fichue. Bien sûr, tout cela est aidé par le talent exceptionnel des deux acteurs, à condition de pouvoir passer outre le pitch insipide.

Certaines séries utilisent un procédé un peu plus hypocrite, une variante du bottle show : le clip show, qui consiste à réutiliser des clips d'anciens épisodes, histoire d'avoir moins de nouveau dialogue à écrire.

Doctor Who utilise régulièrement le procédé de l'épisode "Doctor-light", un épisode où l'acteur principal (donc le mieux payé) est quasiment absent. Cela a donné respectivement un épisode très mauvais (Love and Monsters) et l'un des meilleurs épisodes de la série (Blink).

A ce stade-là, vous vous demandez sûrement où je veux en venir. Eh bien, je pensais juste qu'il était intéressant d'éclaircir ce mystère des "épisodes qui ne servent à rien" dans les séries, et de rendre hommage aux pauvres écrivains magiciens qui se coltinent ce genre de nonsense mais qui réussissent (parfois) à faire opérer la magie malgré tout.



Tune of the day (parce que j'aime cette reprise, et tant pis pour les puristes) :


mercredi 16 novembre 2011

The proud assistant

Je vous parlais il y a très peu de temps de ce gamin dyslexique et de ses parents un peu coincés.
Il se trouve que So. a contacté la mère, non sans anxiété et s'attendant à une discussion très animée.

Au lieu de ça, mes doutes ont été accueillis avec du soulagement et même des remerciements (!). En gros, la mère se doutait de quelque chose depuis des années, et s'était toujours demandée pourquoi son professeur de primaire n'arrivait pas à le faire lire correctement. "Comme l'école n'a rien dit, je n'ai pas été plus loin..." (fucking great parenting right there!)

Le gosse a quand même dix-huit ans maintenant, et je suis légèrement scandalisé de constater que pendant cette période, aucun des parents n'a jugé nécessaire de faire passer des tests au pauvre R., alors qu'il m'a suffi de 15 minutes seul avec lui pour constater le problème ! Une brève visite chez l'orthophoniste aurait sûrement fait l'affaire, mais au lieu de ça, les parents ont jugé préférable de rejeter la faute sur les profs (ma mentor en particulier), en s'appuyant sur le fait que si le frère a si brillamment réussi, pourquoi pas lui ?

Ah, mais je m'égare. L'important c'est que si le diagnostic est officiellement établi, R. pourrait obtenir un tiers temps supplémentaire pour passer ses A-levels (l'équivalent du bac) et que cela n'apparaîtra pas sur ses bulletins de notes. De quoi satisfaire le rêve des parents de voir R. accéder aux grandes universités sans mention administrative de sa potentielle dyslexie.


Vous pensez que j'ai le droit de me sentir un peu fier ?

...


...


...


Allez, oui.

Merry happy tune :




mardi 15 novembre 2011

"What's that, coming over the hill?"

Aujourd'hui, j'ai décidé de vous parler de ma passion. Non, pas l'anglais, les jeux vidéo.

Petit hochement de tête, sourire gêné et regard fuyant, voilà généralement la réaction que je reçois quand je clame haut et (pas trop) fort que je suis un gamer.

A ces gens-là j'ai envie de dire : vous ne savez pas ce que vous ratez. Même si la tendance s'inverse de jour en jour, force est de constater que la majorité des profanes réagissent encore à la mention de l'expression "jeux vidéo" comme un gosse réagit devant un plat d'épinards : "je n'ai jamais testé, mais je sais que je déteste ça".

Certains ont même encore en tête la représentation du gamer façon années 70 / 80 : l'image du gamin prépubère lobotomisé et apathique, assis devant sa télé et complètement déconnecté de la réalité. Mais comment en vouloir à tous ces gens mal renseignés quand c'est cette image qui est régurgitée ad nauseam par ceux-là même qui sont censés nous informer, j'ai nommé les médias ?


A chaque fois qu'une fusillade a lieu, que ce soit à Oslo, à Columbine, ou dans un lycée en Allemagne, le diagnostic médiatique est toujours le même, c'est-à-dire cette même phrase immonde pleine de sous-entendus : "Le tueur jouait régulièrement à des jeux vidéo violents" (ou quelque chose comme ça).
Dans le même genre, on a aussi le reportage mensuel intitulé "les jeux vidéo rendent-ils violent / débile / nymphomane / kleptomane / gérontophile ?" (je n'invente rien) et convenablement placé en plein journal de 20h pour que toute la famille puisse débattre sur le sujet de manière constructive.

De nombreuses personnes pensent que jouer est une activité passive et "abrutissante". Mais voilà la question que je me pose : que fait-on quand on regarde la télé ?
C'est cela : RIEN. On regarde, et c'est tout ce qu'on fait. Ce n'est pas pour rien qu'on entend souvent dire "aujourd'hui je vais sûrement faire les courses et le ménage, puis me flanquer devant la télé et ne rien faire."

 Comme ceci. D'accord, j'abuse un peu. :)

On regarde la télé, mais pourtant on joue aux jeux vidéo. En jouant même au jeu le plus stupide du monde, nous faisons fonctionner notre cerveau, et surtout notre imagination. Car la clé des jeux vidéo se trouve dans sa spécificité même : l'interaction.

Un exemple vieux de seulement quelques jours illustre ce point de fort belle manière : Skyrim.
Skyrim est le cinquième volet de la saga "The Elder Scrolls", une série assez ancienne et très populaire sur PC. Les cinq jeux se situent chacun dans une partie différente de la même province, Tamriel, dans un monde medieval-fantasy assez semblable à celui du Seigneur des Anneaux. Les deux précédents volets, Morrowind et Oblivion, m'avaient rebuté par leur univers très hermétique, avec notamment des premières heures qui s'apparentaient aux premières pages d'un livre de Tolkien : trop foisonnantes, et donc chiantes.

Dans Skyrim, vous incarnez un prisonnier qui est sur le point d'être violemment exécuté, quand soudain...un dragon attaque le village et saccage tout sur son passage. Bien sûr vous vous en sortez, et de là, vous êtes libre d'écrire votre propre histoire.
En effet, suite à une première demi-heure de jeu très linéaire qui sert à vous apprendre les rudiments du combat, vous êtes lâché dans un monde montagneux et immense, libre de faire ce que vous voulez, d'aller où vous voulez, et d'intéragir comme vous voulez avec qui vous voulez.


Vous pouvez acheter un cheval pour galoper où bon vous semble (oui, à ce point-là), apprendre à lancer des boules de feu, faire le coursier pour les gens dans le village du coin, aller explorer cette cave mystérieuse ou même vous mesurer à des mammouths ou des géants. Parfois, un dragon fendra le ciel et il faudra vous mesurer à lui, ou fuir si vous n'êtes pas à la hauteur. Ou laisser faire les mammouths.
                                                                                            Je parie sur le mammouth.

C'est pour ce genre d'expérience hors du commun que je joue. Alors que les livres et les films nous condamnent à regarder le héros tuer le dragon, les jeux vidéo nous accordent l'honneur de le faire nous-mêmes.

Attention : ce billet a été écrit un mardi soir à 23h, juste avant d'aller me coucher : par conséquent il peut contenir, comme on me l'a fait remarquer, des raccourcis conceptuels un peu faciles. Je m'en excuse, et je peux vous assurer que je n'ai rien contre les livres ou la télé (mon addiction à Breaking Bad peut en témoigner). J'ai juste préféré aller me coucher avant d'écrire trop et de devenir emmerdant. :)

PS : par contre, mon opinion sur les livres de Tolkien tient toujours. 


Tune of the day (maintenant visible en France, mais sans le gorille qui danse. :-( ) :


samedi 12 novembre 2011

"My kid is not failing : you are failing him!"

UPDATE : pour connaître le fin mot de l'histoire, cliquez ici :)

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Article d'origine :

Cette semaine, j'ai eu ma seconde session avec un étudiant de Y13, que nous appellerons R.

Il doit me lire son papier sur le dopage dans le monde du cyclisme (auf Fransözisch bien sûr). Alors qu'il s'exécute non sans mal, je remarque de curieuses difficultés : ce jeune homme semble en effet remplacer compulsivement certains mots par d'autres, souvent de la même famille, mais tout de même bien différents de ce qui est écrit sur sa feuille.

Au bout de quelques paragraphes de ce manège, je l'interroge : a-t-il un historique de dyslexie ou de quelque difficulté de lecture qui pourrait expliquer ce phénomène ? "J'ai parfois du mal", dit-il en hochant la tête, sans toutefois confirmer un quelconque diagnostic officiel. Je l'aide et le reprends tant que je peux pendant le reste de la session, mais le pauvre semble être un peu perdu.

Après ça, je décide d'aller parler de R. à So. (ma mentor) et M., la responsable des Y12 et Y13. Dès que je prononce son nom, je vois les deux femmes échanger des sourires quelque peu narquois. "Il est un peu lent comme gamin, c'est difficile de travailler avec lui. Son frère est un étudiant brillant et ses parents veulent absolument que R. suive la même voie en allant à Oxford, mais vu ses résultats, ça ne risque pas d'arriver."
Je leur explique ce que j'ai constaté chez R., et la conversation prend un tour un peu plus sérieux : apparemment, les symptômes se retrouvent en classe entière : R. a vraiment une tendance à aller chercher des mots là où ils n'existent pas, et a des difficultés avec l'orthographe. Et si la dyslexie était vraiment la source du problème ? Je fais une recherche Google et apprends que la dyslexie est un trouble de l'apprentissage qui n'a aucun rapport avec l'indice de QI, et qui peut être difficilement détectable en fonction des circonstances. Je sens que je tiens quelque chose, et je fais part de mes pensées à So.

Elle m'explique que parler aux parents pourrait se révéler difficile: "Ce sont de vraies plaies, ils ne sont pas prêts à accepter que R. puisse avoir des problèmes d'apprentissage. Ils supposent automatiquement que son frère et lui sont brillants au même degré, et donc quand les notes tombent, la faute est automatiquement dirigée contre nous, les profs.  Je compte leur en parler pour qu'ils lui fassent passer des tests, mais il va falloir négocier ça avec prudence. La partie sur le QI est importante, parce qu'il faut insister sur le fait que si leur fils est bien dyslexique, ça ne fait pas de lui quelqu'un de stupide."

Voilà ce qui m'attriste un peu dans l'éducation aujourd'hui, d'après ma maigre expérience : les parents pensent tout savoir mieux que tout le monde, et l'univers de l'éducation se "politise" de plus en plus à cause de ça. On essaie de plaire à tout le monde, et surtout aux parents des gosses de riches, pour au final se retrouver traînés dans la boue parce que Junior n'est pas foutu de (ou, dans ce cas, ne peut pas) réviser correctement, et que la méthode du prof ne leur convient pas, ou je ne sais pas quelle excuse moisie.

Les profs ont perdu cette autorité qui devrait leur être dûe, c'est à dire le droit d'attribuer aux gamins les notes qu'ils méritent, plutôt que celles que les parents aimeraient voir sur le bulletin.

Vous voulez que votre gamin aille à Oxford ? Eh bien veillez sur lui, mais par pitié laissez les profs faire leur boulot.

Sur ce, je vais arrêter de parler comme le vétéran aigri que je ne suis pas, et vous laisser sur cette chanson, dont le refrain colle curieusement bien avec le contexte de cet article.

 You could have been number one
But you blew it away


dimanche 6 novembre 2011

Goths and seagulls

Cette semaine de travail m'a fait du bien. J'ai pu me rendre compte qu'après tout, je ne suis pas si seul que ça et qu'il y a des gens, ici ou ailleurs, sur lesquels je peux compter.

Hier, je suis allé visiter Whitby (prononcez Witbi) avec C., l'assistante allemande, et son copain M.

Whitby est une ville côtière, célèbre notamment pour avoir accueilli Dracula dans le fameux roman de Bram Stoker. Le résultat de cette célébrité, c'est qu'aux alentours d'Halloween, tout un tas de gens parcourent les rues habillés en vêtements d'époque très sombres, ou déguisés en zombies / vampires et autres créatures de la nuit.

Maintenant, imaginez ces gens se promenant sous un ciel gris et une fine bruine, accompagnés par le sifflement du vent et le chant des mouettes dans cette ville au style très traditionnel, et vous aurez une idée de la bizarrerie qu'a été cette journée.

En parcourant les rues de la vieille ville, j'ai eu l'impression d'être un voyageur perdu entre deux époques, ou entre deux mondes parallèles, au choix. Les rues escarpées, bordées de maisons au style architectural que ne renierait pas le Sud de la France, étaient envahies tantôt par des gens en costumes d'époque, parfaitement maquillés et habillés avec beaucoup de goût, tantôt par des zombies à la peau déchiquetée, tantôt par des "goths" modernes de TOUS âges (j'ai vu quelques grands-mères) au style vestimentaire très douteux, tantôt par des femmes potelées ou carrément obèses au décolleté beaucoup trop révélateur (nous avons tous les trois été traumatisés par un de ces derniers cas en particulier...mais nous passerons cela sous silence). Le reste ? Des touristes, comme nous.

Nous avons aussi visité l'abbaye, où j'ai failli me faire tuer par un faucon pendant un spectacle assez impressionnant, et où j'ai appris que les britanniques pendaient leurs condamnés avec beaucoup plus d'efficacité que leurs cousins américains, en utilisant un noeud bien spécifique et en calculant, en fonction du poids et de la taille du condamné, la vitesse à laquelle celui-ci devait être lâché au bout de la corde, de sorte que sa nuque soit instantanément brisée pour une mort immédiate. Ce système a été instauré après que les exécutions publiques, jugées trop dangereuses pour la foule en délire (chaque semaine, des gens mourraient écrasés) fussent abolies. Après ça, les exécutions avaient lieu en privé, et le bourreau venait en avance pour prendre les mensurations du condamné et adapter le noeud spécialement pour lui (how...considerate).

Après avoir pas mal marché, le couple et moi sommes repartis à travers la campagne anglaise dans la petite Volkwagen, et nous avons même assisté à un superbe couché de soleil (soleil qui s'était fait porter pâle pour la journée apparemment).

C'était définitivement une expérience hors du commun, et j'ai hâte de découvrir plus de curiosités britanniques, en compagnie j'espère, de mes allemands préférés.



Mon expérience était tout sauf boring, mais j'ai besoin d'un prétexte pour partager cette chanson extrêmement catchy :



 PS : ce blog a besoin de plus d'images.

dimanche 30 octobre 2011

Sunday night blues

J'ai passé de mauvaises vacances, solitaires et isolées, et je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est (encore) de ma faute.
Pourquoi je suis comme ça ? Parfois je me demande si les choses ont vraiment changé. Où que j'aille, quoi que je fasse, c'est toujours la même chose.


Tune of the day (Misfits saison 3 !) :

lundi 17 octobre 2011

Hawaii

Quand les gens me demandent si j'ai le mal du pays, je leur réponds toujours un clair et simple : non.

Quand j'ai eu ma fameuse réalisation dans l'Eurostar (cf le premier épisode de ce blog, que très peu de gens ont lu pour quelque raison étrange), j'ai eu vaguement peur. Peur que des gens me manquent, ou que la culture anglaise me rende nostalgique de la mienne, peur de whatever.

Et puis je me suis dit que non, finalement. En résumé ma vie à Paris avait été plutôt merdique : je vivais dans un appartement somme toute bien pourri et trop cher payé, en prenant les transports tous les jours pour aller plancher sur une licence qui ne m'intéressait plus, et que, du coup, j'ai foiré de très peu. Et surtout, je répondais poliment aux gens "ça va", alors que ça n'allait pas.

Ma vie sociale était misérable, je me nourrissais de pâtes et de Knacki midi et soir, je restais chez moi le week-end à errer sur la toile et personne, à quelques notables exceptions près, ne semblait se préoccuper de moi plus que ça (mais c'est peut-être parce que je disais à tout le monde que tout allait bien. Mesdames et messieurs, la logique du déprimé.)

Et puis j'ai réalisé que dans ce nouveau milieu, dans ce nouveau pays, dans cet endroit exotique qu'est l'Angleterre, je pouvais devenir n'importe qui.
Je ne connaissais personne là-bas, et personne ne me connaissait. Tout ce que mes employeurs possédaient, c'était un dossier sur mes compétences linguistiques, un extrait de casier judiciaire et une photo d'identité.
Je pouvais débarquer en Angleterre et faire semblant d'avoir confiance en moi, et tout le monde me prendrait au sérieux.

Et c'est ce que j'ai fait. Je suis soudain devenu quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus confiant, de plus présent. L'autre jour j'ai fait classe à trente élèves à l'improviste, car je remplaçais ma mentor.
Au début, avec l'air le plus sérieux du monde : "Je vous préviens, si votre comportement n'est pas satisfaisant, je parlerai de vous à Mrs D." Silence. Puis, avec un sourire : "ceci dit, je ne suis pas si méchant, alors si vous êtes calmes, tout devrait bien se passer." Des sourires se forment sur les visages des Year 10, et je sais que la leçon se déroulera dans le calme, mais aussi de façon ludique.
Je leur explique que non, les chiens dressés du cirque ne sont pas des "dressed up dogs" (des chiens déguisés), que l'eau de vie est tout sauf de l'eau, et je leur traduis quelques expressions littéralement, y compris "faire du lèche-vitrines", ce qui les amuse beaucoup.

Sérieusement, qui aurait pu penser que moi, le type qui perd sa voix et tremblotte pendant les exposés, pouvait tenir une classe de trente élèves, et les amuser en plus de ça ? Alors certes, je n'ai pas eu les gosses les plus difficiles, mais je suis tout de même fierissime (ce mot n'existe pas) de ma performance.

Il me reste encore du travail à faire avant de me débarrasser de ce fardeau d'anxiété qui m'a toujours accompagné, mais honnêtement, je pense que l'Angleterre pourrait constituer mon salut.

Est-ce du bonheur que j'ai ressenti ces dernières semaines ? Je ne sais pas, mais ça y ressemble.

Tune of the day :


jeudi 13 octobre 2011

We own the night


Jeudi soir dernier, c'était open evening pour les parents du primaire. Le département des langues (et tous les autres) se sont mis sur leur 31 pour faire que les parents aient envie d'envoyer leurs rejetons chez nous en 2012. Exceptionnellement, je reste pour la soirée et aide pour les préparatifs.

C., l'assistante allemande (sympa, drôle, super hot, et déjà prise) et moi devons préparer le "mot de la semaine" dans nos langues respectives. En gros, c'est une illustration qui définit un mot et que l'on doit placarder partout dans le (petit) bâtiment. Nous décidons d'opter pour "le rêve" ("Der Traum", admirez mon deutsch !) et nous trouvons l'image d'une femme qui dort paisiblement, avec une bulle façon BD au-dessus de sa tête, qui contient la même image (une image à l'intérieur d'une image...si vous avez vu Inception, je vous autorise à faire la blague).

Ma mentor trouve ça bien, on imprime en noir et blanc et...on fait les drapeaux nous-mêmes, avec crayons de couleur et tout le toutim. Back to primary school! On aurait pu imprimer en couleur, mais il faut passer par un autre département qui n'aime pas trop que l'on utilise leurs précieuses cartouches. Ceci dit pour être honnête, l'encre pour imprimante est probablement l'un des produits les plus scandaleusement chers de l'univers connu, donc bon.

Nous placardons les affiches un peu partout, puis nous montons à l'étage pour voir comment les choses se passent. Nous tombons sur So. et Sa. mortes de rire devant les affiches. Il se trouve que la dame sur la photo sourit légèrement (bien qu'endormie) et qu'elle a les bras sous sa couette. Je comprends rapidement que nous sommes victimes du phénomène prof de langues = esprit mal placé. C. et moi rions de bon coeur et précisons aux profs que si des parents se plaignent de l'image, on leur dira qu'elle est issue d'une pub pour une chambre IKEA. Ce qui est la stricte vérité. 

Ma mentor nous rassure, l'image est très bien. "We just have dirty minds".

Pendant que j'étais parti chercher des trucs au centre-ville, C. avait bossé sur une carte de l'Europe contenant tous les pays qui parlent allemand, pour mettre sur un panneau devant la porte du département. Elle a aussi amené l'habit traditionnel de l'Oktoberfest. 
"Tu vas le porter ?" je lui demande. Elle me répond "Tu rigoles ? Je vais offenser les parents si je fais ça. Ce truc a un seul but : montrer tes seins. Il faut avoir beaucoup de poitrine pour porter ça". Je baisse les yeux et me retiens alors in extremis de lui faire un compliment sur ses attributs.

Au final, elle suspend la robe du péché au panneau et y ajoute une perruque blonde trouvée au hasard, oui, au hasard, dans la staff room (je n'invente rien).
La soirée approche, les parents viennent visiter le département, personne ne se plaint de la femme qui se masturbe paisiblement sous sa couette IKEA, et nous faisons les poireaux en souriant comme des hôtesses d'accueil, distribuant occasionnellement des "bonsoir" et des "Guten Abend" à des parents parfois timides, parfois souriants, parfois saoulés d'être là.

Au bout d'un moment, C. et moi en avons assez, nous décidons de faire une excursion et de faire notre propre visite de l'école ! On apprend qu'en Angleterre, les gamins (garçons ou filles) ont encore la possibilité d'apprendre la couture et la cuisine, contrairement à la France (j'imagine que ces enseignements ont dû être enterrés par la vague de féminisme de 68).

Quand nous revenons au département des langues, il est temps de remballer le petit buffet qui avait été installé pour les gosses de primaire avec croissants, tartines de fromage et glace à la vanille. Les victuailles font un bref passage dans la staff room, mais il reste trop de choses et So. ramène les restes, et m'offre une baguette au passage. Baguette qui sortait tout droit de chez Tesco et qui était emballée dans ce plastique, qui garde le pain mou mais le fait tomber en miettes. J'en ai mangé deux morceaux au petit déj' et elle a fini a la poubelle. 

Oh well. C'est l'intention qui compte.


 Tune of the day :


mercredi 12 octobre 2011

Hey! Teacher! Leave them kids alone!

J'avoue qu'écrire ces longs pavés me fatigue un peu, alors je vais vous résumer mes deux premières semaines de boulot plutôt que d'essayer de vous relater mes aventures passées en détail. Comme ça je m'en débarrasse et je peux m'amuser à écrire des billets plus courts comme l'article précédent tout en vous tenant au jus des développements récents.

Right kids. Let's begin.

Ma première semaine fut une semaine "d'observation". Comprenez, se tenir debout, un peu gêné, devant toute une classe de gamins qui vous regardent avec des yeux grands comme des soucoupes, et se présenter en français en faisant attention de bien détacher les mots et de bien articuler. Puis passer dans les rangs pour aider les gosses et corriger des travaux.

C'est aussi être victime d'une certaine gêne quand votre mentor essaie de calmer sa classe en disant : "Silence ! Nous avons un visiteur, et je ne veux pas qu'il pense du mal de vous !".
Merci bien, maintenant la classe est silencieuse et je me tiens planté là comme un idiot, les bras croisés sans savoir quoi dire. "Grrr, je suis super énervé et je pense du mal de vous !"

Awkward.

Mais être assistant de français c'est aussi se faire dire par des filles de quatorze ans que je ressemble à Robert Pattinson. True story. Au moins je suis sûr qu'elles écouteront en cours, vu les "awwww" pas très discrets que j'ai provoqué en parlant français.

Définitivement une tactique à tester sur les anglaises de mon âge. Haem.

En gros j'ai un peu fait le tour de toutes les classes, mais au final je finirai par ne travailler qu'avec la moitié d'entre elles. Tant mieux, parce que ça fait déjà énormément de prénoms à retenir !

À la fin de la semaine, j'ai reçu mon emploi du temps. Premier constat, ma mentor s'est cassé la tête pour me laisser un jour de libre, qui sera le vendredi ! Je suis vraiment chouchouté, et pour cause : il semble que l'assistant précédent était incompétent et savait à peine parler français, et c'est sûrement pour cette raison que tout le monde a l'air si content de m'avoir avec eux. Sans compter les compliments que je reçois constamment à propos de mon accent et de mon niveau d'anglais.

Ouais, donc dans ces moments-là t'vois, j'essaie de garder la tête froide mais...c'est difficile (la preuve, j'utilise l'expression "garder la tête froide"). Sérieusement ceci dit : je suis super fier de tous ces compliments, et ça fait du bien d'avoir la bénédiction pour se la péter un peu, pour changer.^^

Deuxième constat : la moitié de mon temps sera consacrée à aider les Year 12 et Year 13 (les deux années précédant le bac) en sessions personnalisées, avec un ou deux élèves (ça dépend de leur niveau de français). C'est bien, parce que la journée est divisée en six "periods" d'environ une heure chacune (sauf la second period, qui dure 25 minutes et est en général consacrée aux "assemblies", un concept qui n'existe pas en France) et que chaque cours de soutien me prend seulement 20 ou 30 minutes à chaque period. C'est moins bien parce que ça me laisse avec un emploi du temps gruyère et que j'ai intérêt à me trouver des occupations entre les cours.

Et là vous avez envie de dire : "oh le pauv'chou !" avec toute l'ironie du monde. Et vous avez raison.

Lundi matin, j'ai été brutalement plongé dans le bain en faisant un remplacement : ma mentor devait emmener sa fille à l'hôpital (elle va bien, ne vous en faites pas) et j'ai été laissé avec une classe de trente Year 10. Je leur ai fait la leçon indiquée par So. en faisant un peu d'humour sans pour autant me laisser marcher dessus, et je n'ai pas eu à faire de discipline à part pour les faire taire quand leurs camarades lisaient. En plus, beaucoup d'entre eux étaient très bons. Marvellous.

Ça s'est sérieusement gâté à l'heure suivante. Sept élèves de Year 9, seulement sept. Et c'était l'enfer, on aurait dit qu'ils étaient tous atteints d'hyperactivité. Et insolents en plus de ça. J'ai réussi à les tenir pendant vingt minutes, après quoi So. est revenue, me délivrant de cette malédiction ! Mon avis sur la question est que So. n'est pas prise au sérieux par ces monstres, alors forcément je ne le suis pas non plus. Un prof plus autoritaire dès le départ aurait sûrement eu plus de succès, mais So. n'est pas à blâmer, ils sont simplement horribles.

Le reste du lundi et ces deux derniers jours ont été bien plus calmes. J'ai eu quelques sessions "one-to-one" avec les Y12 et ils ont tous l'air très motivé.
La prononciation est pour la plupart bonne, mais les mauvais réflexes anglais persistent. C'est bien normal, mais ma mission est de les éradiquer (les mauvais réflexes,pas les anglais). Pour ça, j'écris parfois les mots en phonétique au tableau en écrivant l'équivalent du mot français en sons anglais. Par exemple "accueil" devient "ah-kuh-ee". Et ça marche (en plus c'est marrant).
J'explique aussi que s'ils prononcent le n à la fin de "un", on risque de croire qu'ils veulent dire "une". Comme ils ont un exam oral à la fin de l'année, je fais de mon mieux pour les exhorter à prendre en note tout ce que je dis.

Bref, la vie de prof en herbe, c'est quand même cool. Le prochain article sera dédié à la soirée portes ouvertes de l'école, qui a eu lieu jeudi dernier. J'ai beaucoup d'anecdotes hilarantes à ce sujet...stay tuned !

An obvious choice :


A warm welcome to a cold front

Pour l'instant, il n'y a pas de chauffage dans la staff room mal isolée, où je passe le quart de ma journée. Heureusement, on peut boire du thé dans des tasses dégueulasses qu'on sait ni d'où elles viennent, ni qui a bu dedans parce que les profs de langues sont des créatures impropres qui ne font jamais la vaisselle.

Better than nothing.

Demain, j'apporte ma propre tasse, histoire de pouvoir faire britannique sans tomber malade.


Une chanson qui résume ce que je ressens dans cette salle :


lundi 10 octobre 2011

New blood

Donc, je suis paumé sur mon île avec un téléphone portable, un ordinateur portable, et un iPod que je ne peux pas utiliser, car je n'ai pas d'adapteur adéquat. Oh dear.

Je décide d'appeler S., ma mentor d'origine française, pour lui demander de l'aide. Elle me dit de passer à l'école vendredi après les cours pour qu'elle me prête un adaptateur en attendant une solution.

Le vendredi venu, je m'exécute et je fais ma première entrée dans S. School, bravant les nombreuses vagues d'étudiants en uniforme pressés de rentrer chez eux à pied ou en prenant l'un des innombrables bus de ramassage scolaire stationnés sur le grand parking.

L'école possède une réception (une vraie réception, pas le bricolage façon "guichet de station de métro" souvent aperçu dans les établissements français).
Je me présente et demande à voir S.D., ma mentor. La réceptionniste, qui a un accent un peu spécial me demande "ye néém?". Je ne pige rien au tableau, donc je lui demande de répéter une deuxième fois, puis une troisième. Je comprends enfin : "your name?" Je m'exécute (non sans un facepalm mental bien senti), puis je suis invité à m'asseoir sur un siège plutôt confortable pendant que la réceptionniste contacte le département des langues.

Cinq minutes plus tard, un gros monsieur barbu débarque, fait un grand sourire, et me salue : ""bonne jour!". Il m'invite à le suivre. Je m'exécute à nouveau et nous traversons un très long couloir séparé par des portes qu'il faut parfois pousser, parfois tirer, sans aucune logique apparente. J'apprends entre temps qu'il est professeur, et le mari de ma mentor par la même occasion. Ça explique le salut maladroit.

Finalement, on tourne à droite et on traverse un espace ouvert entouré de bâtiments, avec vue sur l'immense terrain de foot, dont les élèves français peuvent toujours rêver. Nous entrons dans un petit bâtiment plutôt délabré, le département des langues ; et je suis prêt à parier que le bâtiment des sciences est flambant neuf. :)

Une fois arrivé dans la salle des profs, je suis accueilli par deux femmes énergiques et pleines d'enthousiasme : Sa. et So. (So étant ma mentor, et je sens que ce système d'abbréviations va devenir très compliqué très bientôt). So. s'excuse car elle ne retrouve pas son adaptateur de prise : me voilà privé d'ordinateur pour le week-end ! Ceci dit, Sa. (qui, en fait, me rappelle Mrs D. de bien des manières^^) me propose de faire un tour dans l'école, ce que j'accepte avec plaisir. Sur le chemin, nous croisons un professeur très gentil et très maniéré, qui correspond incroyablement au cliché gay (du genre que l'on ne pense voir que dans les films). Alors qu'il s'éloigne, Sa. me sourit d'un air complice et dit "he's very..." tout en agitant les bras.

Résumé de la visite : l'école a beaucoup plus de matériel qu'un collège / lycée français (tableaux tactiles et ordinateurs dans la plupart des classes, et autres joies modernes), mais sa popularité l'a rattrapée et à force de s'agrandir (l'école est immense !), les travaux de maintenance et de rénovation n'ont pas pu être faits partout, ce qui résulte en des bâtiments un peu délabrés. Néanmoins, compte tenu de l'équipement à disposition, un peu de dégradation n'est pas le pire des prix à payer.

Je rentre à la maison sans adaptateur, mais avec une idée plus précise de ce qui m'attendra lundi, qui sera mon baptême de feu à l'école.

Et puis j'ai un badge d'employé, ce qui est quand même la classe absolue.

 Tune of the day (maintenant visible en France) :




samedi 8 octobre 2011

Dead on arrival

Je recule ma montre d'une heure, et bientôt il est temps de débarquer à Londres.

Je décharge mes valises (ça commence à devenir une routine) et me fraie un chemin jusqu'au hall de St Pancras. Là, j'achète un adaptateur de prise chez WH Smith, mais apparemment je me plante de modèle car je découvrirai plus tard que mes prises ne rentrent pas dedans. What the hell.

J'ai des trucs à faire à la gare de Kings Cross, donc je décide d'aller manger là-bas. Mais avant, je dois acheter ma Railcard, qui me permet d'avoir beaucoup de réductions sur mes trajets en train pendant un an. Au guichet je tombe sur un indien avec une kippa (j'apprécie le fait que les signes religieux soient complètement banalisés en Angleterre) qui me donne un formulaire à remplir. Je remplis le formulaire, refais la queue, et tombe cette fois sur un monsieur assez âgé, qui me fait ma Railcard sans broncher. Il me dit le prix, je lui tends mes billets, et il me répond : "lovely". Ça me fait sourire comme un idiot, parce que j'adore comment les anglais utilisent ce mot à tout va.

Je retire mes billets à la machine, qui vous demande juste votre carte bancaire, contrairement aux machines SNCF qui vous demandent tout un tas de codes de confirmation. ET votre carte bancaire.

Ensuite, direction Burger King ! J'ai un peu de mal à comprendre l'accent de la caissière, mais je me retrouve finalement avec un délicieux burger, un Sprite et surtout des frites qui puent pas la graisse ! Sérieusement, McDo peut aller se rhabiller.
Je mange mon festin dûment mérité devant le tableau des horaires, et à peine ai-je terminé que c'est déjà l'heure de grimper dans le train. J'empoigne mes deux fardeaux et me dirige quai n°4. Je monte, laisse mes valises dans le couloir et m'affale m'installe sur mon siège. Le train s'en va, et je constate qu'il n'y a personne à côté de moi, encore une fois. Le train n'est pas bien rempli non plus.

Après plusieurs arrêts, deux albums de Mew et toujours personne pour occuper le siège voisin, me voici arrivé dans la ville de N, où la propriétaire du logement est censée m'attendre avec sa voiture. J'attends cinq petites minutes sous le soleil brûlant, puis j'aperçois la voiture noire qui se gare sur le parking. En sort une dame d'une cinquantaine d'années, élégante et énergique, les yeux bleus et les cheveux blonds un peu grisonnants. Elle m'accueille avec un grand sourire et m'invite à mettre une valise dans le coffre et une sur le siège arrière. Son accent est clair comme de l'eau de roche et je n'ai aucun mal à la comprendre. Ça fait plaisir. Sur la route qui mène à S., je raconte mon voyage et J. me parle de la région pendant que j'admire les magnifiques paysages ensoleillés du Yorkshire.

Nous arrivons finalement au 5, Q.Drive où je passerai mes 9 mois d'assistanat en compagnie de J.
La maison est grande, colorée, et décorée avec beaucoup de goût. J'ai une chambre et une salle de bains pour moi tout seul, et je peux utiliser la plupart des autres pièces quand je veux. Je dois payer £75 par semaine (£300 par moi), ce qui est tout à fait raisonnable, surtout que le petit déjeuner et les charges sont compris dans le prix.

Je m'installe dans ma chambre, déballe quelques trucs et m'écroule sur mon nouveau lit, ma foi fort douillet. Je suis arrivé, et j'ai une télé dans ma chambre, le déballage peut attendre ! Comme J. a les chaînes du câble, j'ai du mal à faire la distinction entre les chaînes vraiment british, les chaînes british qui ne passent que des trucs américains, et les chaînes américaines.  Je zapouille je zapouille, et je tombe sur plusieurs trucs parfois intéressants, parfois débiles, parfois loufoques.

J'ai été soufflé par le Jeremy Kyle Show, où le présentateur éponyme tente de résoudre des conflits familiaux, dont les deux partis sont présents sur le plateau. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'y va pas de main morte ! Il n'hésite pas à enfoncer les coupables et à donner un bon coup de pied au cul à ceux qui se laissent marcher sur les pieds. Les participants sont en général mal habillés et très lower middle class, avec souvent des accents à coucher dehors, ce qui ne fait pas de doute sur l'authenticité du show.

Il y a aussi Superfat vs Superskinny (traduction pourrie : obèses contre super-maigres), qui a le mérite de montrer les deux extrêmes de la malnutrition et de les faire se confronter : la personne obèse doit adopter le régime de la personne en sous-poids pendant une semaine, et vice-versa. Un programme relativement original avec des candidats pleins de bonne volonté.

Ensuite, il y a les séries, et là les anglais nous battent à plate couture. Entre Outnumbered, the IT Crowd, The Inbetweeners et autres, les séries originales ne manquent pas. Je suis aussi tombé sur EastEnders, un soap opera lancé en 1985 et dont le traitement de l'image (60 images par seconde et couleurs un peu dégueu) m'a fortement rappelé l'abomination Plus Belle la Vie. Sauf que les acteurs ont l'air cent fois meilleurs et que j'ai réussi à regarder l'épisode jusqu'à la fin.

Pour en revenir à ma première journée, J. a décidé de me cuisiner un repas gratuit pour le premier soir. Le repas est prêt à six heures et demi (on est d'accord, c'est tôt pour nous les français !) et J. me propose ensuite une tasse de thé...et j'avoue que ce n'est pas désagréable du tout ! Comme vous viendrez à le constater bientôt, je me suis déjà pris d'affection pour cette tradition anglaise, parce que le thé au lait c'est trop bon et que ça réchauffe quand il fait froid.

Peu de temps après, je constate que je suis épuisé, et je vais très vite me coucher. Je m'endors immédiatement, dans un sommeil profond et sans rêves.

Je suis bien arrivé.


Tune of the day :

mardi 4 octobre 2011

New start

Hello everyone!

Dans ce premier post, je ne vais pas me présenter, parce que je trouve que les posts de présentation sont généralement longs et chiants (autant pour l'auteur que pour le lecteur) et qu'il est plus intéressant de dévoiler les détails au fur et à mesure. Si vous voulez avoir une vague idée de ce que vous faites sur ce blog, vous pouvez jeter un oeil dans la colonne de gauche ;)

En attendant, autant commencer dans le feu de l'action.

Mercredi 28 septembre, 6h du matin. Je me réveille dans mon appartement parisien vidé de ses meubles et plein de valises pas finies, d'affaires à ranger et de trucs à bazarder. Il faut savoir qu'à ce point de l'histoire, je dois être à Gare du Nord dans trois heures, c'est à dire vers 9h pour être sûr, car le train s'en va à 10h13. Inutile de préciser que je suis très mauvais pour prévoir les choses à l'avance.

8h30, la panique me gagne un peu : j'ai toujours quelques trucs à trier et tout un tas de machins à faire rentrer dans les valises. Il me faut finalement une demi-heure de plus pour boucler mes deux énormes valises et me rendre compte que, sacrebleu : c'est lourd ! En plus je suis en retard sur mon planning. Sans prendre le temps de dire au revoir à mon appart (qui ne me manquera pas), je claque la porte et traîne mes deux valises dans l'ascenseur à l'aide de mes gros bras musclés frêles allumettes.

Au moment où je sors de l'immeuble, je me dis : merci au mec qui a créé les valises à quatre roulettes ! Je crois bien que la valise la plus lourde (non mesdames, pas mon unique valise de fringues, l'autre) aurait été impossible à traîner, même sur deux roues. Je marche avec peine jusqu'à la station de métro, qui ne m'a jamais parue aussi loin, en traînant une valise de chaque côté (et pour arranger les choses, les passants parisiens peuvent être cons).
J'affronte bravement les quelques volées d'escaliers (qui ne m'ont jamais paru aussi nombreuses) et les portes de métro jusqu'à Gare du Nord. Miracle : j'arrive là-bas à 9h30, pile la bonne heure pour commencer l'enregistrement. Entendre de l'anglais partout me donne déjà chaud au coeur.

Ma valise sonne au scanner, mais ce n'est que mon PC portable (c'est ce que j'explique au mec pendant qu'il fouille la mauvaise valise -_-'). Le type décide que je ne suis pas un terroriste, et après m'être tapé un bon bout de quai avec mes p*tains de valises, je m'installe enfin, et la meilleure : il n'y a personne à côté de moi ! (et généralement assez peu de monde dans l'eurostar).

Alors que le temps et le paysage défilent, je me rends enfin compte : je pars en Angleterre, "pour de bon". Ce n'est pas un petit week-end ou une semaine de vacances, this is the real deal.
Plusieurs mois sans voir la France, loin de tout et de tout le monde, loin de tout ce qui m'a été connu jusqu'à présent, et une seule pensée :

Non, je ne regrette rien.

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Next time, on Crimsy in Yorkshire :

Découvrez le reste de mon voyage du mercredi 28, ainsi que l'accueil qui m'a été réservé une fois arrivé à destination, et mes problèmes d'adaptateurs de prise, qui ont retardé la création de ce blog. Durant les prochains jours je vais tenter de sortir pas mal d'articles pour rattraper mon retard, so stay tuned.
En parlant de tunes : à la fin de chaque article, même minuscule, je vous mettrai une chanson d'un artiste que j'aime bien. Généralement la chanson n'aura rien à voir avec l'article, et à vrai dire on s'en fiche, je fais ça pour le fun. :)


Tune of the day :