lundi 17 octobre 2011

Hawaii

Quand les gens me demandent si j'ai le mal du pays, je leur réponds toujours un clair et simple : non.

Quand j'ai eu ma fameuse réalisation dans l'Eurostar (cf le premier épisode de ce blog, que très peu de gens ont lu pour quelque raison étrange), j'ai eu vaguement peur. Peur que des gens me manquent, ou que la culture anglaise me rende nostalgique de la mienne, peur de whatever.

Et puis je me suis dit que non, finalement. En résumé ma vie à Paris avait été plutôt merdique : je vivais dans un appartement somme toute bien pourri et trop cher payé, en prenant les transports tous les jours pour aller plancher sur une licence qui ne m'intéressait plus, et que, du coup, j'ai foiré de très peu. Et surtout, je répondais poliment aux gens "ça va", alors que ça n'allait pas.

Ma vie sociale était misérable, je me nourrissais de pâtes et de Knacki midi et soir, je restais chez moi le week-end à errer sur la toile et personne, à quelques notables exceptions près, ne semblait se préoccuper de moi plus que ça (mais c'est peut-être parce que je disais à tout le monde que tout allait bien. Mesdames et messieurs, la logique du déprimé.)

Et puis j'ai réalisé que dans ce nouveau milieu, dans ce nouveau pays, dans cet endroit exotique qu'est l'Angleterre, je pouvais devenir n'importe qui.
Je ne connaissais personne là-bas, et personne ne me connaissait. Tout ce que mes employeurs possédaient, c'était un dossier sur mes compétences linguistiques, un extrait de casier judiciaire et une photo d'identité.
Je pouvais débarquer en Angleterre et faire semblant d'avoir confiance en moi, et tout le monde me prendrait au sérieux.

Et c'est ce que j'ai fait. Je suis soudain devenu quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus confiant, de plus présent. L'autre jour j'ai fait classe à trente élèves à l'improviste, car je remplaçais ma mentor.
Au début, avec l'air le plus sérieux du monde : "Je vous préviens, si votre comportement n'est pas satisfaisant, je parlerai de vous à Mrs D." Silence. Puis, avec un sourire : "ceci dit, je ne suis pas si méchant, alors si vous êtes calmes, tout devrait bien se passer." Des sourires se forment sur les visages des Year 10, et je sais que la leçon se déroulera dans le calme, mais aussi de façon ludique.
Je leur explique que non, les chiens dressés du cirque ne sont pas des "dressed up dogs" (des chiens déguisés), que l'eau de vie est tout sauf de l'eau, et je leur traduis quelques expressions littéralement, y compris "faire du lèche-vitrines", ce qui les amuse beaucoup.

Sérieusement, qui aurait pu penser que moi, le type qui perd sa voix et tremblotte pendant les exposés, pouvait tenir une classe de trente élèves, et les amuser en plus de ça ? Alors certes, je n'ai pas eu les gosses les plus difficiles, mais je suis tout de même fierissime (ce mot n'existe pas) de ma performance.

Il me reste encore du travail à faire avant de me débarrasser de ce fardeau d'anxiété qui m'a toujours accompagné, mais honnêtement, je pense que l'Angleterre pourrait constituer mon salut.

Est-ce du bonheur que j'ai ressenti ces dernières semaines ? Je ne sais pas, mais ça y ressemble.

Tune of the day :


4 commentaires:

  1. Je lève la main derrière mon écran mais of course tu ne peux pas me voir ! Yes you can !!!
    Tune of the day, du coup, que tu dois entendre sur les ondes britanniques, ou pas encore peut-être s'ils se gardent pour les JO : Heather Small, Proud. "You could be so many people, if you take that break for freedom ! what have you done today to make you feel proud ?" Et il FAUT que tu regerdes le clip à la sauce JO ! (et non, je n'écoute pas des musiques de djeuns-kikou-lol, si tu avais regardé Miranda, tu le saurais ! __ Tu as regardé Miranda ?!!)
    XXX
    I'm proud of you !!

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  2. Amazing voice. Je n'ai pas regardé Miranda, parce que je jongle entre Fringe, Doctor Who, How I Met Your Mother et Dexter, en essayant de ne pas dépasser les 40 giga de limite de téléchargement mensuel imposés par le fournisseur de ma propriétaire...

    I will get there though, honest. And thank you. :)

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  3. Finalement, nul n'est prophète en son pays. Content de te voir aussi rayonnant... =)

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  4. Je vois bien ce que tu veux dire par "la logique du déprimé", et s'il y a bien une chose difficile à faire c'est de dire aux autres qu'on a besoin d'eux... :p

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