samedi 12 novembre 2011

"My kid is not failing : you are failing him!"

UPDATE : pour connaître le fin mot de l'histoire, cliquez ici :)

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Article d'origine :

Cette semaine, j'ai eu ma seconde session avec un étudiant de Y13, que nous appellerons R.

Il doit me lire son papier sur le dopage dans le monde du cyclisme (auf Fransözisch bien sûr). Alors qu'il s'exécute non sans mal, je remarque de curieuses difficultés : ce jeune homme semble en effet remplacer compulsivement certains mots par d'autres, souvent de la même famille, mais tout de même bien différents de ce qui est écrit sur sa feuille.

Au bout de quelques paragraphes de ce manège, je l'interroge : a-t-il un historique de dyslexie ou de quelque difficulté de lecture qui pourrait expliquer ce phénomène ? "J'ai parfois du mal", dit-il en hochant la tête, sans toutefois confirmer un quelconque diagnostic officiel. Je l'aide et le reprends tant que je peux pendant le reste de la session, mais le pauvre semble être un peu perdu.

Après ça, je décide d'aller parler de R. à So. (ma mentor) et M., la responsable des Y12 et Y13. Dès que je prononce son nom, je vois les deux femmes échanger des sourires quelque peu narquois. "Il est un peu lent comme gamin, c'est difficile de travailler avec lui. Son frère est un étudiant brillant et ses parents veulent absolument que R. suive la même voie en allant à Oxford, mais vu ses résultats, ça ne risque pas d'arriver."
Je leur explique ce que j'ai constaté chez R., et la conversation prend un tour un peu plus sérieux : apparemment, les symptômes se retrouvent en classe entière : R. a vraiment une tendance à aller chercher des mots là où ils n'existent pas, et a des difficultés avec l'orthographe. Et si la dyslexie était vraiment la source du problème ? Je fais une recherche Google et apprends que la dyslexie est un trouble de l'apprentissage qui n'a aucun rapport avec l'indice de QI, et qui peut être difficilement détectable en fonction des circonstances. Je sens que je tiens quelque chose, et je fais part de mes pensées à So.

Elle m'explique que parler aux parents pourrait se révéler difficile: "Ce sont de vraies plaies, ils ne sont pas prêts à accepter que R. puisse avoir des problèmes d'apprentissage. Ils supposent automatiquement que son frère et lui sont brillants au même degré, et donc quand les notes tombent, la faute est automatiquement dirigée contre nous, les profs.  Je compte leur en parler pour qu'ils lui fassent passer des tests, mais il va falloir négocier ça avec prudence. La partie sur le QI est importante, parce qu'il faut insister sur le fait que si leur fils est bien dyslexique, ça ne fait pas de lui quelqu'un de stupide."

Voilà ce qui m'attriste un peu dans l'éducation aujourd'hui, d'après ma maigre expérience : les parents pensent tout savoir mieux que tout le monde, et l'univers de l'éducation se "politise" de plus en plus à cause de ça. On essaie de plaire à tout le monde, et surtout aux parents des gosses de riches, pour au final se retrouver traînés dans la boue parce que Junior n'est pas foutu de (ou, dans ce cas, ne peut pas) réviser correctement, et que la méthode du prof ne leur convient pas, ou je ne sais pas quelle excuse moisie.

Les profs ont perdu cette autorité qui devrait leur être dûe, c'est à dire le droit d'attribuer aux gamins les notes qu'ils méritent, plutôt que celles que les parents aimeraient voir sur le bulletin.

Vous voulez que votre gamin aille à Oxford ? Eh bien veillez sur lui, mais par pitié laissez les profs faire leur boulot.

Sur ce, je vais arrêter de parler comme le vétéran aigri que je ne suis pas, et vous laisser sur cette chanson, dont le refrain colle curieusement bien avec le contexte de cet article.

 You could have been number one
But you blew it away


2 commentaires:

  1. La dyslexie n'a en effet aucun lien avec le QI, et, avec un peu de travail, peut devenir tout à fait "bénigne" : leur dyslexie n'a pas empêché, et n'empêche toujours pas mes frères d'avoir de bons résultats en classe, moyennant les heures autrefois passées chez l'orthophoniste...

    Courage pour arriver à "bouger" les parents ;-)

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  2. Ah, je ne savais pas pour tes frères, mais vu leur héritage commun, je n'ai aucune peine à croire que ça ne constitue qu'un obstacle mineur pour eux. ^^

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