mardi 15 novembre 2011

"What's that, coming over the hill?"

Aujourd'hui, j'ai décidé de vous parler de ma passion. Non, pas l'anglais, les jeux vidéo.

Petit hochement de tête, sourire gêné et regard fuyant, voilà généralement la réaction que je reçois quand je clame haut et (pas trop) fort que je suis un gamer.

A ces gens-là j'ai envie de dire : vous ne savez pas ce que vous ratez. Même si la tendance s'inverse de jour en jour, force est de constater que la majorité des profanes réagissent encore à la mention de l'expression "jeux vidéo" comme un gosse réagit devant un plat d'épinards : "je n'ai jamais testé, mais je sais que je déteste ça".

Certains ont même encore en tête la représentation du gamer façon années 70 / 80 : l'image du gamin prépubère lobotomisé et apathique, assis devant sa télé et complètement déconnecté de la réalité. Mais comment en vouloir à tous ces gens mal renseignés quand c'est cette image qui est régurgitée ad nauseam par ceux-là même qui sont censés nous informer, j'ai nommé les médias ?


A chaque fois qu'une fusillade a lieu, que ce soit à Oslo, à Columbine, ou dans un lycée en Allemagne, le diagnostic médiatique est toujours le même, c'est-à-dire cette même phrase immonde pleine de sous-entendus : "Le tueur jouait régulièrement à des jeux vidéo violents" (ou quelque chose comme ça).
Dans le même genre, on a aussi le reportage mensuel intitulé "les jeux vidéo rendent-ils violent / débile / nymphomane / kleptomane / gérontophile ?" (je n'invente rien) et convenablement placé en plein journal de 20h pour que toute la famille puisse débattre sur le sujet de manière constructive.

De nombreuses personnes pensent que jouer est une activité passive et "abrutissante". Mais voilà la question que je me pose : que fait-on quand on regarde la télé ?
C'est cela : RIEN. On regarde, et c'est tout ce qu'on fait. Ce n'est pas pour rien qu'on entend souvent dire "aujourd'hui je vais sûrement faire les courses et le ménage, puis me flanquer devant la télé et ne rien faire."

 Comme ceci. D'accord, j'abuse un peu. :)

On regarde la télé, mais pourtant on joue aux jeux vidéo. En jouant même au jeu le plus stupide du monde, nous faisons fonctionner notre cerveau, et surtout notre imagination. Car la clé des jeux vidéo se trouve dans sa spécificité même : l'interaction.

Un exemple vieux de seulement quelques jours illustre ce point de fort belle manière : Skyrim.
Skyrim est le cinquième volet de la saga "The Elder Scrolls", une série assez ancienne et très populaire sur PC. Les cinq jeux se situent chacun dans une partie différente de la même province, Tamriel, dans un monde medieval-fantasy assez semblable à celui du Seigneur des Anneaux. Les deux précédents volets, Morrowind et Oblivion, m'avaient rebuté par leur univers très hermétique, avec notamment des premières heures qui s'apparentaient aux premières pages d'un livre de Tolkien : trop foisonnantes, et donc chiantes.

Dans Skyrim, vous incarnez un prisonnier qui est sur le point d'être violemment exécuté, quand soudain...un dragon attaque le village et saccage tout sur son passage. Bien sûr vous vous en sortez, et de là, vous êtes libre d'écrire votre propre histoire.
En effet, suite à une première demi-heure de jeu très linéaire qui sert à vous apprendre les rudiments du combat, vous êtes lâché dans un monde montagneux et immense, libre de faire ce que vous voulez, d'aller où vous voulez, et d'intéragir comme vous voulez avec qui vous voulez.


Vous pouvez acheter un cheval pour galoper où bon vous semble (oui, à ce point-là), apprendre à lancer des boules de feu, faire le coursier pour les gens dans le village du coin, aller explorer cette cave mystérieuse ou même vous mesurer à des mammouths ou des géants. Parfois, un dragon fendra le ciel et il faudra vous mesurer à lui, ou fuir si vous n'êtes pas à la hauteur. Ou laisser faire les mammouths.
                                                                                            Je parie sur le mammouth.

C'est pour ce genre d'expérience hors du commun que je joue. Alors que les livres et les films nous condamnent à regarder le héros tuer le dragon, les jeux vidéo nous accordent l'honneur de le faire nous-mêmes.

Attention : ce billet a été écrit un mardi soir à 23h, juste avant d'aller me coucher : par conséquent il peut contenir, comme on me l'a fait remarquer, des raccourcis conceptuels un peu faciles. Je m'en excuse, et je peux vous assurer que je n'ai rien contre les livres ou la télé (mon addiction à Breaking Bad peut en témoigner). J'ai juste préféré aller me coucher avant d'écrire trop et de devenir emmerdant. :)

PS : par contre, mon opinion sur les livres de Tolkien tient toujours. 


Tune of the day (maintenant visible en France, mais sans le gorille qui danse. :-( ) :


3 commentaires:

  1. Je partage entièrement ton avis sur Tolkien (mon moi de onze ans se remémore avec douleur de Bilbot le Hobbit). Sur les jeux vidéos, cependant, je ne suis pas assez qualifiée : je me suis arrêtée à Super Mario Bros 3 sur Super Nintendo.

    Hmm, tu te demandes sûrement qui je suis x) On était dans la même classe au lycée, je sais pas si tu te souviens. Ton article était la première actualité sur Facebook, j'ai donc décidé d'aller faire un tour sur ton blog : je n'ai pas eu le temps de tout parcourir, mais je le ferai volontiers ! J'ai juste lu cet article parce que The Automatic, c'est puissant ! 8D

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  2. Salut Hélène, bien sûr que je me souviens de toi ! Qu'est-ce que tu deviens ?

    Pour moi un bon écrivain c'est quelqu'un qui construit son monde en disséminant des détails tout au long de l'histoire, pas en obligeant le lecteur à subir une encyclopédie entière d'arbres généalogiques et de détails sans importance.

    Ceci dit, de nombreuses personnes semblent aimer cette façon un peu old school de raconter des histoires : moi, ça m'emmerde. :)

    En ce qui concerne les jeux vidéo, il existe plein de contre-exemples à Skyrim, le plus célèbre (et malheureusement le plus vendu) étant la licence Call of Duty, qui est un jeu de tir ultra-linéaire et scripté qui ressemble plus à un film d'Hollywood avec des éléments interactifs qu'à un véritable jeu vidéo. Mon article ne met pas assez en lumière le fait que peu de jeux autorisent un réel contrôle sur la destinée du personnage principal. Skyrim est de ceux-là, mais il en existe d'autres, heureusement.

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  3. Eh bien, j'ai eu ma licence l'année dernière et je suis en pleine recherche d'un service civique ! J'ai passé quelques entretiens, on verra ce que ça donne.

    Je n'aurais pas dit mieux. C'est pas old school, c'est pompant : les auteurs du Moyen-Âge, ils allaient à l'essentiel, eux !

    Je connais Call of Duty, merci Marcus et Nolife, j'ai pu constater la pauvreté du gameplay (de même que l'idéologie très limite analogue à ce type de jeux). Pour Skyrim, je dois t'avouer que j'en ai entendu beaucoup de bien. Si je n'étais pas aussi mal à l'aise avec la 3d, je me serais presque laissée tentée...

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