dimanche 30 octobre 2011

Sunday night blues

J'ai passé de mauvaises vacances, solitaires et isolées, et je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est (encore) de ma faute.
Pourquoi je suis comme ça ? Parfois je me demande si les choses ont vraiment changé. Où que j'aille, quoi que je fasse, c'est toujours la même chose.


Tune of the day (Misfits saison 3 !) :

lundi 17 octobre 2011

Hawaii

Quand les gens me demandent si j'ai le mal du pays, je leur réponds toujours un clair et simple : non.

Quand j'ai eu ma fameuse réalisation dans l'Eurostar (cf le premier épisode de ce blog, que très peu de gens ont lu pour quelque raison étrange), j'ai eu vaguement peur. Peur que des gens me manquent, ou que la culture anglaise me rende nostalgique de la mienne, peur de whatever.

Et puis je me suis dit que non, finalement. En résumé ma vie à Paris avait été plutôt merdique : je vivais dans un appartement somme toute bien pourri et trop cher payé, en prenant les transports tous les jours pour aller plancher sur une licence qui ne m'intéressait plus, et que, du coup, j'ai foiré de très peu. Et surtout, je répondais poliment aux gens "ça va", alors que ça n'allait pas.

Ma vie sociale était misérable, je me nourrissais de pâtes et de Knacki midi et soir, je restais chez moi le week-end à errer sur la toile et personne, à quelques notables exceptions près, ne semblait se préoccuper de moi plus que ça (mais c'est peut-être parce que je disais à tout le monde que tout allait bien. Mesdames et messieurs, la logique du déprimé.)

Et puis j'ai réalisé que dans ce nouveau milieu, dans ce nouveau pays, dans cet endroit exotique qu'est l'Angleterre, je pouvais devenir n'importe qui.
Je ne connaissais personne là-bas, et personne ne me connaissait. Tout ce que mes employeurs possédaient, c'était un dossier sur mes compétences linguistiques, un extrait de casier judiciaire et une photo d'identité.
Je pouvais débarquer en Angleterre et faire semblant d'avoir confiance en moi, et tout le monde me prendrait au sérieux.

Et c'est ce que j'ai fait. Je suis soudain devenu quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus confiant, de plus présent. L'autre jour j'ai fait classe à trente élèves à l'improviste, car je remplaçais ma mentor.
Au début, avec l'air le plus sérieux du monde : "Je vous préviens, si votre comportement n'est pas satisfaisant, je parlerai de vous à Mrs D." Silence. Puis, avec un sourire : "ceci dit, je ne suis pas si méchant, alors si vous êtes calmes, tout devrait bien se passer." Des sourires se forment sur les visages des Year 10, et je sais que la leçon se déroulera dans le calme, mais aussi de façon ludique.
Je leur explique que non, les chiens dressés du cirque ne sont pas des "dressed up dogs" (des chiens déguisés), que l'eau de vie est tout sauf de l'eau, et je leur traduis quelques expressions littéralement, y compris "faire du lèche-vitrines", ce qui les amuse beaucoup.

Sérieusement, qui aurait pu penser que moi, le type qui perd sa voix et tremblotte pendant les exposés, pouvait tenir une classe de trente élèves, et les amuser en plus de ça ? Alors certes, je n'ai pas eu les gosses les plus difficiles, mais je suis tout de même fierissime (ce mot n'existe pas) de ma performance.

Il me reste encore du travail à faire avant de me débarrasser de ce fardeau d'anxiété qui m'a toujours accompagné, mais honnêtement, je pense que l'Angleterre pourrait constituer mon salut.

Est-ce du bonheur que j'ai ressenti ces dernières semaines ? Je ne sais pas, mais ça y ressemble.

Tune of the day :


jeudi 13 octobre 2011

We own the night


Jeudi soir dernier, c'était open evening pour les parents du primaire. Le département des langues (et tous les autres) se sont mis sur leur 31 pour faire que les parents aient envie d'envoyer leurs rejetons chez nous en 2012. Exceptionnellement, je reste pour la soirée et aide pour les préparatifs.

C., l'assistante allemande (sympa, drôle, super hot, et déjà prise) et moi devons préparer le "mot de la semaine" dans nos langues respectives. En gros, c'est une illustration qui définit un mot et que l'on doit placarder partout dans le (petit) bâtiment. Nous décidons d'opter pour "le rêve" ("Der Traum", admirez mon deutsch !) et nous trouvons l'image d'une femme qui dort paisiblement, avec une bulle façon BD au-dessus de sa tête, qui contient la même image (une image à l'intérieur d'une image...si vous avez vu Inception, je vous autorise à faire la blague).

Ma mentor trouve ça bien, on imprime en noir et blanc et...on fait les drapeaux nous-mêmes, avec crayons de couleur et tout le toutim. Back to primary school! On aurait pu imprimer en couleur, mais il faut passer par un autre département qui n'aime pas trop que l'on utilise leurs précieuses cartouches. Ceci dit pour être honnête, l'encre pour imprimante est probablement l'un des produits les plus scandaleusement chers de l'univers connu, donc bon.

Nous placardons les affiches un peu partout, puis nous montons à l'étage pour voir comment les choses se passent. Nous tombons sur So. et Sa. mortes de rire devant les affiches. Il se trouve que la dame sur la photo sourit légèrement (bien qu'endormie) et qu'elle a les bras sous sa couette. Je comprends rapidement que nous sommes victimes du phénomène prof de langues = esprit mal placé. C. et moi rions de bon coeur et précisons aux profs que si des parents se plaignent de l'image, on leur dira qu'elle est issue d'une pub pour une chambre IKEA. Ce qui est la stricte vérité. 

Ma mentor nous rassure, l'image est très bien. "We just have dirty minds".

Pendant que j'étais parti chercher des trucs au centre-ville, C. avait bossé sur une carte de l'Europe contenant tous les pays qui parlent allemand, pour mettre sur un panneau devant la porte du département. Elle a aussi amené l'habit traditionnel de l'Oktoberfest. 
"Tu vas le porter ?" je lui demande. Elle me répond "Tu rigoles ? Je vais offenser les parents si je fais ça. Ce truc a un seul but : montrer tes seins. Il faut avoir beaucoup de poitrine pour porter ça". Je baisse les yeux et me retiens alors in extremis de lui faire un compliment sur ses attributs.

Au final, elle suspend la robe du péché au panneau et y ajoute une perruque blonde trouvée au hasard, oui, au hasard, dans la staff room (je n'invente rien).
La soirée approche, les parents viennent visiter le département, personne ne se plaint de la femme qui se masturbe paisiblement sous sa couette IKEA, et nous faisons les poireaux en souriant comme des hôtesses d'accueil, distribuant occasionnellement des "bonsoir" et des "Guten Abend" à des parents parfois timides, parfois souriants, parfois saoulés d'être là.

Au bout d'un moment, C. et moi en avons assez, nous décidons de faire une excursion et de faire notre propre visite de l'école ! On apprend qu'en Angleterre, les gamins (garçons ou filles) ont encore la possibilité d'apprendre la couture et la cuisine, contrairement à la France (j'imagine que ces enseignements ont dû être enterrés par la vague de féminisme de 68).

Quand nous revenons au département des langues, il est temps de remballer le petit buffet qui avait été installé pour les gosses de primaire avec croissants, tartines de fromage et glace à la vanille. Les victuailles font un bref passage dans la staff room, mais il reste trop de choses et So. ramène les restes, et m'offre une baguette au passage. Baguette qui sortait tout droit de chez Tesco et qui était emballée dans ce plastique, qui garde le pain mou mais le fait tomber en miettes. J'en ai mangé deux morceaux au petit déj' et elle a fini a la poubelle. 

Oh well. C'est l'intention qui compte.


 Tune of the day :


mercredi 12 octobre 2011

Hey! Teacher! Leave them kids alone!

J'avoue qu'écrire ces longs pavés me fatigue un peu, alors je vais vous résumer mes deux premières semaines de boulot plutôt que d'essayer de vous relater mes aventures passées en détail. Comme ça je m'en débarrasse et je peux m'amuser à écrire des billets plus courts comme l'article précédent tout en vous tenant au jus des développements récents.

Right kids. Let's begin.

Ma première semaine fut une semaine "d'observation". Comprenez, se tenir debout, un peu gêné, devant toute une classe de gamins qui vous regardent avec des yeux grands comme des soucoupes, et se présenter en français en faisant attention de bien détacher les mots et de bien articuler. Puis passer dans les rangs pour aider les gosses et corriger des travaux.

C'est aussi être victime d'une certaine gêne quand votre mentor essaie de calmer sa classe en disant : "Silence ! Nous avons un visiteur, et je ne veux pas qu'il pense du mal de vous !".
Merci bien, maintenant la classe est silencieuse et je me tiens planté là comme un idiot, les bras croisés sans savoir quoi dire. "Grrr, je suis super énervé et je pense du mal de vous !"

Awkward.

Mais être assistant de français c'est aussi se faire dire par des filles de quatorze ans que je ressemble à Robert Pattinson. True story. Au moins je suis sûr qu'elles écouteront en cours, vu les "awwww" pas très discrets que j'ai provoqué en parlant français.

Définitivement une tactique à tester sur les anglaises de mon âge. Haem.

En gros j'ai un peu fait le tour de toutes les classes, mais au final je finirai par ne travailler qu'avec la moitié d'entre elles. Tant mieux, parce que ça fait déjà énormément de prénoms à retenir !

À la fin de la semaine, j'ai reçu mon emploi du temps. Premier constat, ma mentor s'est cassé la tête pour me laisser un jour de libre, qui sera le vendredi ! Je suis vraiment chouchouté, et pour cause : il semble que l'assistant précédent était incompétent et savait à peine parler français, et c'est sûrement pour cette raison que tout le monde a l'air si content de m'avoir avec eux. Sans compter les compliments que je reçois constamment à propos de mon accent et de mon niveau d'anglais.

Ouais, donc dans ces moments-là t'vois, j'essaie de garder la tête froide mais...c'est difficile (la preuve, j'utilise l'expression "garder la tête froide"). Sérieusement ceci dit : je suis super fier de tous ces compliments, et ça fait du bien d'avoir la bénédiction pour se la péter un peu, pour changer.^^

Deuxième constat : la moitié de mon temps sera consacrée à aider les Year 12 et Year 13 (les deux années précédant le bac) en sessions personnalisées, avec un ou deux élèves (ça dépend de leur niveau de français). C'est bien, parce que la journée est divisée en six "periods" d'environ une heure chacune (sauf la second period, qui dure 25 minutes et est en général consacrée aux "assemblies", un concept qui n'existe pas en France) et que chaque cours de soutien me prend seulement 20 ou 30 minutes à chaque period. C'est moins bien parce que ça me laisse avec un emploi du temps gruyère et que j'ai intérêt à me trouver des occupations entre les cours.

Et là vous avez envie de dire : "oh le pauv'chou !" avec toute l'ironie du monde. Et vous avez raison.

Lundi matin, j'ai été brutalement plongé dans le bain en faisant un remplacement : ma mentor devait emmener sa fille à l'hôpital (elle va bien, ne vous en faites pas) et j'ai été laissé avec une classe de trente Year 10. Je leur ai fait la leçon indiquée par So. en faisant un peu d'humour sans pour autant me laisser marcher dessus, et je n'ai pas eu à faire de discipline à part pour les faire taire quand leurs camarades lisaient. En plus, beaucoup d'entre eux étaient très bons. Marvellous.

Ça s'est sérieusement gâté à l'heure suivante. Sept élèves de Year 9, seulement sept. Et c'était l'enfer, on aurait dit qu'ils étaient tous atteints d'hyperactivité. Et insolents en plus de ça. J'ai réussi à les tenir pendant vingt minutes, après quoi So. est revenue, me délivrant de cette malédiction ! Mon avis sur la question est que So. n'est pas prise au sérieux par ces monstres, alors forcément je ne le suis pas non plus. Un prof plus autoritaire dès le départ aurait sûrement eu plus de succès, mais So. n'est pas à blâmer, ils sont simplement horribles.

Le reste du lundi et ces deux derniers jours ont été bien plus calmes. J'ai eu quelques sessions "one-to-one" avec les Y12 et ils ont tous l'air très motivé.
La prononciation est pour la plupart bonne, mais les mauvais réflexes anglais persistent. C'est bien normal, mais ma mission est de les éradiquer (les mauvais réflexes,pas les anglais). Pour ça, j'écris parfois les mots en phonétique au tableau en écrivant l'équivalent du mot français en sons anglais. Par exemple "accueil" devient "ah-kuh-ee". Et ça marche (en plus c'est marrant).
J'explique aussi que s'ils prononcent le n à la fin de "un", on risque de croire qu'ils veulent dire "une". Comme ils ont un exam oral à la fin de l'année, je fais de mon mieux pour les exhorter à prendre en note tout ce que je dis.

Bref, la vie de prof en herbe, c'est quand même cool. Le prochain article sera dédié à la soirée portes ouvertes de l'école, qui a eu lieu jeudi dernier. J'ai beaucoup d'anecdotes hilarantes à ce sujet...stay tuned !

An obvious choice :


A warm welcome to a cold front

Pour l'instant, il n'y a pas de chauffage dans la staff room mal isolée, où je passe le quart de ma journée. Heureusement, on peut boire du thé dans des tasses dégueulasses qu'on sait ni d'où elles viennent, ni qui a bu dedans parce que les profs de langues sont des créatures impropres qui ne font jamais la vaisselle.

Better than nothing.

Demain, j'apporte ma propre tasse, histoire de pouvoir faire britannique sans tomber malade.


Une chanson qui résume ce que je ressens dans cette salle :


lundi 10 octobre 2011

New blood

Donc, je suis paumé sur mon île avec un téléphone portable, un ordinateur portable, et un iPod que je ne peux pas utiliser, car je n'ai pas d'adapteur adéquat. Oh dear.

Je décide d'appeler S., ma mentor d'origine française, pour lui demander de l'aide. Elle me dit de passer à l'école vendredi après les cours pour qu'elle me prête un adaptateur en attendant une solution.

Le vendredi venu, je m'exécute et je fais ma première entrée dans S. School, bravant les nombreuses vagues d'étudiants en uniforme pressés de rentrer chez eux à pied ou en prenant l'un des innombrables bus de ramassage scolaire stationnés sur le grand parking.

L'école possède une réception (une vraie réception, pas le bricolage façon "guichet de station de métro" souvent aperçu dans les établissements français).
Je me présente et demande à voir S.D., ma mentor. La réceptionniste, qui a un accent un peu spécial me demande "ye néém?". Je ne pige rien au tableau, donc je lui demande de répéter une deuxième fois, puis une troisième. Je comprends enfin : "your name?" Je m'exécute (non sans un facepalm mental bien senti), puis je suis invité à m'asseoir sur un siège plutôt confortable pendant que la réceptionniste contacte le département des langues.

Cinq minutes plus tard, un gros monsieur barbu débarque, fait un grand sourire, et me salue : ""bonne jour!". Il m'invite à le suivre. Je m'exécute à nouveau et nous traversons un très long couloir séparé par des portes qu'il faut parfois pousser, parfois tirer, sans aucune logique apparente. J'apprends entre temps qu'il est professeur, et le mari de ma mentor par la même occasion. Ça explique le salut maladroit.

Finalement, on tourne à droite et on traverse un espace ouvert entouré de bâtiments, avec vue sur l'immense terrain de foot, dont les élèves français peuvent toujours rêver. Nous entrons dans un petit bâtiment plutôt délabré, le département des langues ; et je suis prêt à parier que le bâtiment des sciences est flambant neuf. :)

Une fois arrivé dans la salle des profs, je suis accueilli par deux femmes énergiques et pleines d'enthousiasme : Sa. et So. (So étant ma mentor, et je sens que ce système d'abbréviations va devenir très compliqué très bientôt). So. s'excuse car elle ne retrouve pas son adaptateur de prise : me voilà privé d'ordinateur pour le week-end ! Ceci dit, Sa. (qui, en fait, me rappelle Mrs D. de bien des manières^^) me propose de faire un tour dans l'école, ce que j'accepte avec plaisir. Sur le chemin, nous croisons un professeur très gentil et très maniéré, qui correspond incroyablement au cliché gay (du genre que l'on ne pense voir que dans les films). Alors qu'il s'éloigne, Sa. me sourit d'un air complice et dit "he's very..." tout en agitant les bras.

Résumé de la visite : l'école a beaucoup plus de matériel qu'un collège / lycée français (tableaux tactiles et ordinateurs dans la plupart des classes, et autres joies modernes), mais sa popularité l'a rattrapée et à force de s'agrandir (l'école est immense !), les travaux de maintenance et de rénovation n'ont pas pu être faits partout, ce qui résulte en des bâtiments un peu délabrés. Néanmoins, compte tenu de l'équipement à disposition, un peu de dégradation n'est pas le pire des prix à payer.

Je rentre à la maison sans adaptateur, mais avec une idée plus précise de ce qui m'attendra lundi, qui sera mon baptême de feu à l'école.

Et puis j'ai un badge d'employé, ce qui est quand même la classe absolue.

 Tune of the day (maintenant visible en France) :




samedi 8 octobre 2011

Dead on arrival

Je recule ma montre d'une heure, et bientôt il est temps de débarquer à Londres.

Je décharge mes valises (ça commence à devenir une routine) et me fraie un chemin jusqu'au hall de St Pancras. Là, j'achète un adaptateur de prise chez WH Smith, mais apparemment je me plante de modèle car je découvrirai plus tard que mes prises ne rentrent pas dedans. What the hell.

J'ai des trucs à faire à la gare de Kings Cross, donc je décide d'aller manger là-bas. Mais avant, je dois acheter ma Railcard, qui me permet d'avoir beaucoup de réductions sur mes trajets en train pendant un an. Au guichet je tombe sur un indien avec une kippa (j'apprécie le fait que les signes religieux soient complètement banalisés en Angleterre) qui me donne un formulaire à remplir. Je remplis le formulaire, refais la queue, et tombe cette fois sur un monsieur assez âgé, qui me fait ma Railcard sans broncher. Il me dit le prix, je lui tends mes billets, et il me répond : "lovely". Ça me fait sourire comme un idiot, parce que j'adore comment les anglais utilisent ce mot à tout va.

Je retire mes billets à la machine, qui vous demande juste votre carte bancaire, contrairement aux machines SNCF qui vous demandent tout un tas de codes de confirmation. ET votre carte bancaire.

Ensuite, direction Burger King ! J'ai un peu de mal à comprendre l'accent de la caissière, mais je me retrouve finalement avec un délicieux burger, un Sprite et surtout des frites qui puent pas la graisse ! Sérieusement, McDo peut aller se rhabiller.
Je mange mon festin dûment mérité devant le tableau des horaires, et à peine ai-je terminé que c'est déjà l'heure de grimper dans le train. J'empoigne mes deux fardeaux et me dirige quai n°4. Je monte, laisse mes valises dans le couloir et m'affale m'installe sur mon siège. Le train s'en va, et je constate qu'il n'y a personne à côté de moi, encore une fois. Le train n'est pas bien rempli non plus.

Après plusieurs arrêts, deux albums de Mew et toujours personne pour occuper le siège voisin, me voici arrivé dans la ville de N, où la propriétaire du logement est censée m'attendre avec sa voiture. J'attends cinq petites minutes sous le soleil brûlant, puis j'aperçois la voiture noire qui se gare sur le parking. En sort une dame d'une cinquantaine d'années, élégante et énergique, les yeux bleus et les cheveux blonds un peu grisonnants. Elle m'accueille avec un grand sourire et m'invite à mettre une valise dans le coffre et une sur le siège arrière. Son accent est clair comme de l'eau de roche et je n'ai aucun mal à la comprendre. Ça fait plaisir. Sur la route qui mène à S., je raconte mon voyage et J. me parle de la région pendant que j'admire les magnifiques paysages ensoleillés du Yorkshire.

Nous arrivons finalement au 5, Q.Drive où je passerai mes 9 mois d'assistanat en compagnie de J.
La maison est grande, colorée, et décorée avec beaucoup de goût. J'ai une chambre et une salle de bains pour moi tout seul, et je peux utiliser la plupart des autres pièces quand je veux. Je dois payer £75 par semaine (£300 par moi), ce qui est tout à fait raisonnable, surtout que le petit déjeuner et les charges sont compris dans le prix.

Je m'installe dans ma chambre, déballe quelques trucs et m'écroule sur mon nouveau lit, ma foi fort douillet. Je suis arrivé, et j'ai une télé dans ma chambre, le déballage peut attendre ! Comme J. a les chaînes du câble, j'ai du mal à faire la distinction entre les chaînes vraiment british, les chaînes british qui ne passent que des trucs américains, et les chaînes américaines.  Je zapouille je zapouille, et je tombe sur plusieurs trucs parfois intéressants, parfois débiles, parfois loufoques.

J'ai été soufflé par le Jeremy Kyle Show, où le présentateur éponyme tente de résoudre des conflits familiaux, dont les deux partis sont présents sur le plateau. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'y va pas de main morte ! Il n'hésite pas à enfoncer les coupables et à donner un bon coup de pied au cul à ceux qui se laissent marcher sur les pieds. Les participants sont en général mal habillés et très lower middle class, avec souvent des accents à coucher dehors, ce qui ne fait pas de doute sur l'authenticité du show.

Il y a aussi Superfat vs Superskinny (traduction pourrie : obèses contre super-maigres), qui a le mérite de montrer les deux extrêmes de la malnutrition et de les faire se confronter : la personne obèse doit adopter le régime de la personne en sous-poids pendant une semaine, et vice-versa. Un programme relativement original avec des candidats pleins de bonne volonté.

Ensuite, il y a les séries, et là les anglais nous battent à plate couture. Entre Outnumbered, the IT Crowd, The Inbetweeners et autres, les séries originales ne manquent pas. Je suis aussi tombé sur EastEnders, un soap opera lancé en 1985 et dont le traitement de l'image (60 images par seconde et couleurs un peu dégueu) m'a fortement rappelé l'abomination Plus Belle la Vie. Sauf que les acteurs ont l'air cent fois meilleurs et que j'ai réussi à regarder l'épisode jusqu'à la fin.

Pour en revenir à ma première journée, J. a décidé de me cuisiner un repas gratuit pour le premier soir. Le repas est prêt à six heures et demi (on est d'accord, c'est tôt pour nous les français !) et J. me propose ensuite une tasse de thé...et j'avoue que ce n'est pas désagréable du tout ! Comme vous viendrez à le constater bientôt, je me suis déjà pris d'affection pour cette tradition anglaise, parce que le thé au lait c'est trop bon et que ça réchauffe quand il fait froid.

Peu de temps après, je constate que je suis épuisé, et je vais très vite me coucher. Je m'endors immédiatement, dans un sommeil profond et sans rêves.

Je suis bien arrivé.


Tune of the day :

mardi 4 octobre 2011

New start

Hello everyone!

Dans ce premier post, je ne vais pas me présenter, parce que je trouve que les posts de présentation sont généralement longs et chiants (autant pour l'auteur que pour le lecteur) et qu'il est plus intéressant de dévoiler les détails au fur et à mesure. Si vous voulez avoir une vague idée de ce que vous faites sur ce blog, vous pouvez jeter un oeil dans la colonne de gauche ;)

En attendant, autant commencer dans le feu de l'action.

Mercredi 28 septembre, 6h du matin. Je me réveille dans mon appartement parisien vidé de ses meubles et plein de valises pas finies, d'affaires à ranger et de trucs à bazarder. Il faut savoir qu'à ce point de l'histoire, je dois être à Gare du Nord dans trois heures, c'est à dire vers 9h pour être sûr, car le train s'en va à 10h13. Inutile de préciser que je suis très mauvais pour prévoir les choses à l'avance.

8h30, la panique me gagne un peu : j'ai toujours quelques trucs à trier et tout un tas de machins à faire rentrer dans les valises. Il me faut finalement une demi-heure de plus pour boucler mes deux énormes valises et me rendre compte que, sacrebleu : c'est lourd ! En plus je suis en retard sur mon planning. Sans prendre le temps de dire au revoir à mon appart (qui ne me manquera pas), je claque la porte et traîne mes deux valises dans l'ascenseur à l'aide de mes gros bras musclés frêles allumettes.

Au moment où je sors de l'immeuble, je me dis : merci au mec qui a créé les valises à quatre roulettes ! Je crois bien que la valise la plus lourde (non mesdames, pas mon unique valise de fringues, l'autre) aurait été impossible à traîner, même sur deux roues. Je marche avec peine jusqu'à la station de métro, qui ne m'a jamais parue aussi loin, en traînant une valise de chaque côté (et pour arranger les choses, les passants parisiens peuvent être cons).
J'affronte bravement les quelques volées d'escaliers (qui ne m'ont jamais paru aussi nombreuses) et les portes de métro jusqu'à Gare du Nord. Miracle : j'arrive là-bas à 9h30, pile la bonne heure pour commencer l'enregistrement. Entendre de l'anglais partout me donne déjà chaud au coeur.

Ma valise sonne au scanner, mais ce n'est que mon PC portable (c'est ce que j'explique au mec pendant qu'il fouille la mauvaise valise -_-'). Le type décide que je ne suis pas un terroriste, et après m'être tapé un bon bout de quai avec mes p*tains de valises, je m'installe enfin, et la meilleure : il n'y a personne à côté de moi ! (et généralement assez peu de monde dans l'eurostar).

Alors que le temps et le paysage défilent, je me rends enfin compte : je pars en Angleterre, "pour de bon". Ce n'est pas un petit week-end ou une semaine de vacances, this is the real deal.
Plusieurs mois sans voir la France, loin de tout et de tout le monde, loin de tout ce qui m'a été connu jusqu'à présent, et une seule pensée :

Non, je ne regrette rien.

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Next time, on Crimsy in Yorkshire :

Découvrez le reste de mon voyage du mercredi 28, ainsi que l'accueil qui m'a été réservé une fois arrivé à destination, et mes problèmes d'adaptateurs de prise, qui ont retardé la création de ce blog. Durant les prochains jours je vais tenter de sortir pas mal d'articles pour rattraper mon retard, so stay tuned.
En parlant de tunes : à la fin de chaque article, même minuscule, je vous mettrai une chanson d'un artiste que j'aime bien. Généralement la chanson n'aura rien à voir avec l'article, et à vrai dire on s'en fiche, je fais ça pour le fun. :)


Tune of the day :