lundi 13 février 2012

Voyage à Paris, Day 1/5

   Il est cinq heures du matin, et il fait froid sur le parking.


Attention, voilà le Magicobus!
   Les élèves de quatrième et leurs parents se pressent autour de l'autocar à double-étage pour donner leurs valises au chauffeur, qui doit escalader la roue arrière pour accéder à la minuscule soute à bagages. Bientôt les goobyes sont prononcés, les gamins installés et comptés. Soixante-six, le compte est bon.

   Je suis installé seul à l'avant du bus, au deuxième étage. Nice view. Derrière moi, cinquante-six gamins et Christine, l'assistante allemande. En bas, dix gosses et les trois profs. Nous sommes chargés de garder un oeil sur les gamins mais aussi de s'assurer qu'ils apprécient le voyage.

   Je suis donc assis sur la droite, et j'ai deux sièges pour moi tout seul. Sur ma gauche se trouvent H., la fille de ma mentor et T., une de ses amies. Celle-ci ne m'a eu que quelques fois en cours, mais elle semble beaucoup m'apprécier. Peu surprenant, étant donné le niveau d'excitation dont elle fait preuve "ohmygod ohmygod ohmygod I'm going to Paris aaaaaaah !"

   Une fois passée la douane française, T. s'exclame : "Ça y est on est en France ! Ça ressemble pas mal à l'Angleterre quand même...". Et H. de répondre, amusée : "Tu t'attendais pas à ce que ça soit complètement différent quand même ?".
La candeur de certains gamins me fait sourire et je me souviens qu'il y a encore quelques années, je pensais qu'on pouvait voir les poissons en prenant le tunnel sous la Manche (oui, bon...).

   Le voyage se déroule sans encombres majeures (sauf que le DVD de Harry Potter 8 s'est mis à déconner et qu'on a pas pu voir le film jusqu'au bout, dégoûté), et nous arrivons bientôt dans un petit bled de banlieue en Seine Saint-Denis.

   Sur le parking plongé dans la nuit glaciale, toute une bande de familles françaises attend de recevoir à tour de rôle nos chers britanniques avec une bise hexagonale bien sentie. Je me poste dans les escaliers du bus entre les deux étages et crie de ma voix puissante et toujours enrhumée les prénoms des gamins qui sont appelés par les familles. La moitié des parents semble avoir oublié les prénoms ou avoir beaucoup de mal à les prononcer, ce qui rend le processus un peu longuet.
   Finalement, quand tout le monde est descendu, nous rencontrons notre famille d'accueil. "Nous", ça inclut Christine, ma mentor So. et moi-même. L. et Sa., les deux autres jeunes femmes profs (je suis le seul accompagnateur masculin) sont dans une autre famille. L. a logé chez "notre" famille deux années auparavant, avant de demander à en changer l'année d'après. Sa. est restée avec eux en 2011, et a également demandé un changement pour cette année. Je vais vite comprendre pourquoi.

   A la sortie du bus nous attend une grande femme, la cinquantaine, souriante. Elle est emmitouflée dans un manteau épais et une chapka très est-européenne qui lui donne tout de même l'air un peu autoritaire. D'épaisses bottes fourrées viennent parachever cet attirail inhabituel, mais adapté aux températures glaciales de ce mercredi soir.

   G. (c'est son nom) nous salue chaleureusement et nous emmène chez elle, à deux pas de là. So. ne m'a que très vaguement prévenu à propos de cette famille, donc je ne sais pas trop à quoi m'attendre et surtout, quelle est la chose qui a incité L. et S. (deux profs très jeunes à l'enthousiasme palpable) à changer de famille.

   Au moment de rentrer, G. nous stoppe immédiatement et nous dit "ici on retire bien les chaussures". Le ton est aimable, mais ferme. Christine, qui comprend pas mal le français, ne saisit pas la phrase. Je la traduis pour elle et G. nous offre des pantoufles. Je décline, j'ai mes vieux chaussons Marks & Spencer dans ma valise.

   Nous sommes finalement autorisés à visiter la maison, qui est très grande. La déco fait "moderne" mais manque sérieusement de goût. À l'étage, G. nous présente nos chambres : une pour So. et Christine, et une pour moi. J'ai la chambre de la fille de G., 22 ans, qui a fait HEC et habite maintenant au Canada, ce que sa mère adore nous rappeler de temps à autre. Les photos sur les murs laissent apparaître une brunette sublime, et je me demande s'il est réellement possible que G. en soit la mère.

   G. nous harasse pour que l'on éteigne bien les lumières quand on quitte une pièce, à cause des récentes coupures de courant dont elle fait tout un foin pendant qu'on grommelle "d'accord, d'accord". En nous présentant les toilettes, G. nous précise qu'il faut bien rabaisser l'abattant des W.C et que "c'est sa seule maniaquerie". Étrange, pour l'instant j'en dénombre plutôt trois.

   G. nous annonce le dîner : tarte au saumon. So., avec son tact habituel (ce n'est pas ironique, je précise) dit que cela convient parfaitement, mais qu'il est bien marqué sur le formulaire que Christine est végétarienne.
La bouche de G. s'ouvre en grand. "Mais on m'a dit qu'elle était végétarienne, pas végétalienne ! Donc elle mange pas d'oeufs ni de fromage non plus ?"
Je hausse les sourcils. Cette femme est terriblement rapide à juger les gens. Certains végétariens mangent du poisson, certes, mais il n'y a rien de surprenant à classer la chair animale, quelle qu'elle soit, dans la catégorie des viandes.
Christine, un peu déstabilisée, riposte avec un sourire, dans un français impeccable : "Si si, j'aime beaucoup le fromage, et le lait aussi."
"Ah bon." fait G., pas convaincue, comme si on venait de la gifler avec une vérité impossible.

   Au moment du repas, Christine est contrainte de nous regarder patiemment manger notre quiche au saumon, son assiette vide de toute nourriture. Classe.


À demain pour la visite de Paris, l'invasion du McDo des Champs, les paniers-repas dégueulasses et les photos coquines prises en plein Louvre ! 

Tune of the day :


1 commentaire: